Lumière Lucia
Sous le soleil des Lucia
Je m'allongeais là, face à ce nouveau soleil
confiante comme une fleur
tournant sa corolle vers la lumière
comme cette étoile dardait ses rayons
à un rythme non connu de mes paupières
je commençais ce voyage au pays où l'on voit les yeux clos
Sur l'écran de mes perceptions venait de se lancer un film
dans un rythme cadencé, se succédaient des couleurs
j'étais maintenant un champ de fleurs
qui alternaient leurs formes et leurs senteurs
Une onde lumineuse m'imprégnait
et je créais du rose, une autre, du orange, une autre encore du violet
Quelques instants je sentais s'élever un mécanisme de défense
sorte de rébellion devant l'inconnu qui m'oppressait
alors plus amplement, plus longuement, je respirais
et les couleurs s'organisaient
elles prenaient forme géométrique
s'agençaient en mandalas immenses
la rébellion s'effaçait
je me laissais traverser
l'oppression cessait
je devenais translucide à la lumière
je n'étais pas qu'un écran
j'étais aussi un instrument
je chantais maintenant
et mon chant organisait, structurait, harmonisait
ces mandalas aux couleurs irisées
l'énergie que je percevais, ordonnait la création
ces formes tantôt m'apaisaient, me transportaient, jamais ne demeuraient
Jusque là le soleil que je connaissais
avait fixé les champs de fleurs et les sons répétitifs des grillons
cet autre soleil que je rencontrais
je n'avais pas appris à en fixer l'émanation
ce rythme où tout s'enchaînait
est-ce celui de mes pensées ?
le temps des neurones nouvellement stimulés
combien de temps me faudrait-il pour pouvoir dessiner
comprendre, orienter cette nouvelle intériorité ?
là j'ouvre, là je ferme, là je garde, là je laisse l'éphémère oeuvrer
Dans cette multidimensionnalité
je pouvais aussi bien sentir ma respiration
entendre mes sonorités
prendre en notes ce que j'observais
m'extasier devant ces yantra illuminés
rester consciente en multiplexe
m'entendre penser
craindre le moment où cela disparaîtrait
j'assistais béate à l'immensité des possibilités
de mes perceptions ainsi revisitées
Le chant des possibles infinis de l'intériorité
Si tout se vit de l'intérieur
quelle responsabilité
et quelle inouïe liberté
Charlotte, mai 2021